Une table sommairement préparée. Pas d’invités, même pas de mariés. Seul, un serviteur qui voit… mais n’en croit pas ses yeux! Marie, souriante, confiante, à genoux aux pieds de son fils, de son Dieu, le priant d’intervenir.
Jésus, tel un ange sorti de chez Roublev, dans les gestes et l’amour de son père, de Dieu lui-même, nous invitant à le suivre. Avec notre oui, un vrai festin pour de nouvelles épousailles !
Martine
Alors que le multiple convoite l’innocence, Le Père livre son fils unique. Le fragile s’expose et triomphe en amour. Double naissance, sur terre et déjà dans les cieux, en un seul passage des langes au linceul. Celui qu’on croit contenir en balbutiements contient le monde et nous conduit au ciel. Marie ! Ton acquiescement éclate en un chemin de Vie, Noël de Croix ! Noël de Gloire !
Philippe
Maman était un être de foi. En toutes ses décisions elle écoutait Celui qui parlait à son coeur. Pour la célébration de ses noces célestes nous avons choisi l’évangile des Noces de Cana.
Et là quelque chose, comme une évidence, est venu changer mon deuil en allégresse : « Maman a puisé de l’eau toute sa vie pour nous. Et maintenant… c’est du vin ! »
Sa présence aimante nous révélait maintenant La Présence… L’eau de la vie devenait le vin de la Vie éternelle.
Marie-Claude
Quelle magnifique représentation que cette annonciation qui montre déjà l’Enfant-Dieu. Mais s’agit-il bien d’une annonciation ? Le « Ave » de l’ange ne semble pas laisser de doute. J’aime ce mouvement de l’aile de l’ange qui enveloppe toute la représentation. Ses mains aussi parlent autant que sa bouche ouverte. Les regards sont magnifiques : celui de l’ange englobe la scène ; Marie semble étonnée et nous regarde, quant à l’enfant… à naître… Il ne quitte déjà pas sa mère des yeux. L’Enfant, assis sur les bras de Marie qui prie, la couvre déjà son ombre.
Sophie
C’est le prêtre – il porte les vêtements liturgiques – qui semble remettre l’enfant à sa mère. Les rites sont accomplis, les deux tables de la loi et Jésus au centre du dessin, avec la colombe, peut-être l’Esprit qui était sur le prêtre et l’avait poussé au Temple à ce moment là…
Les mains du prêtre sont recouvertes ; le mystère de Dieu chez les hommes avait reposé dans ses bras. Marie reçoit l’enfant sur sa poitrine mais il n’est plus pour elle ; elle le gardera tourné vers nous…
Le regard du prêtre et celui de Marie sont tournés vers l’intérieur et Siméon peut enfin prononcer la prière attendue :
« Maintenant, Ô Maître, tu peux laisser ton serviteur s’en aller dans la paix, selon ta Parole. Car mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé à la face de tous les peuples : lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d’Israël ton peuple. »
Avec cette parole prophétique pour Marie : « Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël, il sera un signe de division. Et toi-même, ton coeur sera traversé par une épée. »
Les derniers mots sont pour nous : « Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d’un grand nombre. »
Père Paul
Il est à remarquer que le mystère de la sainte Trinité qui avait d’abord été révélé au baptême de Notre-Seigneur dans le Jourdain, est ici proclamé de nouveau dans sa glorification sur le Thabor, Dieu nous apprend ainsi que nous verrons et que nous louerons après la résurrection la gloire que nous professons par la foi dans le baptême. Et ce n’est pas sans raison que l’Esprit saint, qui était d’abord apparu sous la forme d’une colombe, mani-feste ici sa présence dans une nuée éclatante; il veut nous enseigner dans quelle éclatante lumière nous contem-plerons l’objet de notre foi, si nous avons fidèlement pratiqué ses enseignements dans la simplicité de notre coeur. Pendant que la voix du Père céleste se faisait entendre sur son Fils, les disciples ne voient plus que Jésus seul, parce qu’en effet, lorsque Jésus se sera manifesté à ses élus, Dieu sera tout en tous, comme le dit saint Paul (1Co 15) : « De même que le Fils ne fait qu’un avec le corps, Jésus-Christ brillera éternellement en tout, et ne fera plus qu’un avec ses saints. »
Bède le Vénérable
Ici, nous sommes regardés, pris à témoin (comme les disciples autrefois ?). La colombe n’arrive pas directement du ciel… Elle volette tranquillement au-dessus de Jésus, se réjouissant de l’événement, mais aussi pour dire que l’Esprit demeure avec lui. Dans l’autre dessin en noir et blanc, Jésus était incliné, voire soumis, le voilà debout. Du rocher l’eau semble jaillir donnant plus de vagues au fleuve où Jésus est entré.
Ce jeu des différences avec le dessin suivant nous prépare à regarder la peinture où chacun trouve sa plus juste place. Le baptiste missionné, Jésus relevé… et nous envoyés pour témoigner.
Martine
« La présence de Jésus à Cana manifeste en outre le projet salvifique de Dieu en ce qui concerne le mariage. Dans cette perspective, le manque de vin peut être interprété comme faisant allusion au manque d’amour, qui malheureusement, menace souvent l’unité conjugale. Marie demande à Jésus d’intervenir en faveur de tous les époux, que seul un amour fondé sur Dieu peut libérer des dangers de l’infidélité, de l’incompréhension et des divisions. La grâce du Sacrement offre aux époux cette force supérieure d’amour, qui peut fortifier l’engagement à la fidélité même dans les circonstances difficiles.»
Jean Paul II, Catéchèse sur le Credo, 5 mars 1997
Un jour Léon Bloy a écrit: « Quand le vin est pur, il fait voir Dieu. » Cet écrivain mystique et bien qu’il soit violent, je n’ai pu m’empêcher de l’approcher de l’oeuvre de Françoise Burtz.
Le vin et le sang sont profondément liés dans l’Evangile puisque le premier miracle est celui de l’eau changée en vin, et que le vin à son tour sera transformé en sang.
Sur le dessin, ce qui jaillit des plaies du Christ Glorieux au visage rayonnant n’est pas sombre. C’est un liquide lumineux, celui de la vie éternelle, cette eau qui nous désaltère pour toujours, qui féconde la terre.
Cette eau est nouvelle, en conséquence le poisson (le peuple chrétien) remonte à la source , il ne se laisse pas entraîner.
Nous pouvons voir dans les ponts un écho aux six jarres , « pour les purifications des Juifs » de l’Evangile de Cana. La purification est aussi le pont qui nous permet d’accéder à la Parole, puisque c’est notre pureté qui nous permet de recevoir la vérité.
Ces ponts ne symbolisent-ils pas le passage pour le peuple entier : « L’histoire des Juifs barre l’histoire du genre humain comme une digue, pour en élever le niveau » a écrit Léon Bloy.
Les courbes du fleuve de vie éternelle répondent à la terre : une nature réconciliée s’épanouit sobrement sous notre regard.
Ainsi, c’est une scène spirituelle qui se dessine entre courbes et traits, fins et appuyés dans une pureté qui permet à la signification symbolique d’emplir l’espace du dessin. L’expression de cet épisode semble être placée sous le signe du passage de la lumière véritable (par le sacrifice) sur la terre.
Marta
Dans ce dessin, il y a deux personnes. La première personne, en bas à droite, regarde vers le coin inférieur gauche. Des rides se sont creusées sur son front : par les soucis du monde, l’énervement, le manque de quiétude, les tensions quotidiennes… Son cou est tendu, respirer doit être bien difficile. Elle a les yeux noirs, vides d’expression. Elle a le dos voûté sous le poids de la vie. Elle est entourée d’une bulle noire. Sa main est fermée, serrée. Elle ne s’ouvre pour rien ni personne, elle ne reçoit pas de grâce. D’ailleurs, elle est laide. Cette personne est le refus « incarné » : tout en elle est fermeture, tension, négation, rejet…
La deuxième personne, en haut à gauche, regarde vers le coin supérieur droit.
Son visage est serein : pas une seule ride, pas un seul pli, pas une tension… Ses yeux sont grands ouverts et fixent quelque chose avec intensité, quelque chose de lumineux qui se reflète sur le haut de ses pupilles. De sa bouche partent trois traits, indiquant des paroles : supplication, remerciement, louange… ? Elle a les épaules déployées vers l’arrière, comme pour bien respirer. Trois cercles l’entourent : cette personne est baignée de lumière qui rayonne autour d’elle. Sa main est ouverte, tendue vers ce qu’elle fixe du regard. D’ailleurs cette main est immense : elle se fait l’écrin de quelque chose de donné du Ciel. Qu’est-ce qui est reçu ? Grâces, Saint-Esprit, Pain de Vie…
Qu’importe, elle chantera les louanges de Celui qui l’a redressée.
Elle accepte le don de Dieu et le diffuse par son attitude. Face à la gloire donnée par notre Créateur, son refus nous enferme alors que son acceptation fait rayonner autour de nous l’amour de Dieu.
Pauline
J’aime ce dessin tout en longueur. La bouche du Baptiste grande ouverte comme pour dire son étonnement. Le Christ, les bras croisés sur sa poitrine, en signe d’intériorité, d’ouverture au tout Autre « ô toi qui es en moi tout au fond de mon coeur fais que je sois chez toi, tout au fond de mon coeur ». Et cette colombe qui semble arriver à toute vitesse vers Jean, elle aussi ouvre grand son bec comme si c’était elle qui proclamait « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ».
Sophie
Tu t’es transfiguré sur la montagne,
ô Christ notre Dieu,
laissant tes disciples contempler
ta gloire autant qu’ils le pouvaient :
fais briller aussi sur les pécheurs
que nous sommes ton éternelle clarté,
par les prières de la Mère de Dieu.
Source de lumière, gloire à toi.
Tropaire de la liturgie orthodoxe sur la Transfiguration
Ce dessin de la Nativité nous dévoile la Bonne Nouvelle du mystère de Noël par une approche très tendre de la maternité de la Vierge Marie. En effet, notre regard est attiré par Son visage, si serein et plein d’amour. Elle se tourne vers l’Enfant Jésus et ses bras l’enlacent pour le serrer contre son cœur. Nous sommes aussi attirés par la blancheur de son manteau, d’une blancheur pure, à l’image de la Vierge.
L’heure est à la tendresse. Le petit Jésus, rayonnant, tend son visage vers celui de sa mère et répond alors à ses gestes d’amour. Tout près, Joseph veille sur le Roi des Rois.
Au loin, des habitations nous rappellent « qu’ils se sont installés dans une étable car il n’y avait plus de place pour eux dans la salle commune » (Luc 2,7). Cette illusion n’est pas sans rappeler la prochaine Passion du tout petit Enfant de la crèche : « Méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à celui dont on détourne le visage, nous l’avons dédaigné, nous n’avons fait de lui aucun cas. » (Ésaïe 53.3)
Cependant, les bergers sont là. Ils sont en adoration devant le petit Jésus, si petit et déjà vrai homme et vrai Dieu. Ils offrent leurs offrandes dans un geste de reconnaissance. À terre, ligoté, un petit agneau ne bronche pas, immobile. Il nous rappelle le moment de la Passion, qui arrachera du milieu des hommes ce Roi de gloire, cet enfant de tendresse.
Cécile
Un lieu clos, fermé de remparts bien crénelés.
Un monument imposant à l’arrière plan mais occulté par les personnages qui remplissent tout l’espace.
Un mouvement de foule : des gens se bousculent, se pressent, en file d’attente. Dans quel désir ? Où vont-ils ? Justement pas dans le monument remarqué, on voit même qu’ils s’en détournent ; tous les regards se portent ailleurs, non vers le bâtiment, vers quelqu’un.
Sur une estrade le rendant visible de loin, un homme est assis sur un banc, tenant précieusement un livre sur ses genoux.
Jésus avec un livre fermé ! Le livre des Écritures, la Torah, pense-t-on. Mais des signes reconnaissables « l’alpha et l’oméga entourant une croix » nous invitent plus loin. Ce livre c’est sa vie ou, plus juste-ment, c’est Lui.
Par certains détails, l’artiste nous donne à voir un Jésus au corps las et aux yeux fatigués. Que pense-t-il voyant cette bousculade autour de lui, ceux qui veulent l‘entendre, le voir, le toucher, lui parler ? A-t-il peur d’être confondu avec une idole ? Comprend-il que les coeurs ne sont pas à l’unisson ? Ressent-il en son for intérieur combien la foule peut être versatile ?
Proclamant, annonçant, expliquant, commentant la parole pendant toute sa vie et jusque dans sa mort, il vient nous dire qu’il EST la Parole.
Après sa résurrection, des disciples loin des foules, dans une rencontre plus intime sur le chemin d’Emmaüs, nous assurent qu’il est possible de croire à cette Bonne Nouvelle.
Martine
Lorsque j’ai découvert l’art de Françoise, je n’accrochais pas. Je trouvais ça trop moderne, trop abstrait… Je n’avais vu que quelques dessins. Et puis je suis tombée sur celui-là. Et là j’ai apprécié son art ! Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment mais pour une fois je voyais une Élisabeth vraiment vieille et vraiment enceinte ! Elle pose sa main sur son ventre pour mieux recueillir le bondissement de son fils. Son visage exprime la surprise ! « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » On ne voit pas le bonheur sur le visage d’Elisabeth mais le moment où elle comprend que le messie sera bientôt là. La promesse de Dieu s’accomplit et elle en est le premier témoin. On devrait avoir la même surprise qu’Élisabeth quand nous regardons le Christ crucifié ou présent dans l’Eucharistie ! « Comment ai-je ce bonheur que mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Dans cette visitation, il y a pour moi un appel à se tourner vers le Christ et si c’est trop difficile, demandons à Marie de nous conduire à Lui comme elle L’a conduit vers Élisabeth !
Pauline
Le cantique de Siméon chanté à l’office du soir dans les communautés religieuses me donne une paix profonde que je comprends mieux aujourd’hui.
Dans ce tout jeune enfant que ses parents viennent présenter au temple dans la stricte observance de la Loi, et qu’il reçoit dans ses bras, le vieillard Siméon reconnaît Jésus. Par la puissance de l’Esprit Saint qui sans doute l’a amené là à ce moment précis, il reconnaît en Jésus le salut que Dieu a préparé à la face des peuples et s’écrie : « Maintenant, ô mon Dieu, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix selon ta parole, car mes yeux ont vu ton salut. » Ce sont les mots de l’accomplissement d’une vie. Et le face à face avec le Verbe incarné fait de lui un prophète.
Les dessins de Françoise expriment la ferveur et l’émotion du serviteur de Dieu dont la vie peut s’achever dans cette rencontre avec l’enfant Jésus en qui il voit déjà le Visage de Paix.
Un peu comme Jean Baptiste, dans le sein de sa mère, a tressailli de joie en pressentant Jésus en Marie.
Aurore ou crépuscule… Vers une autre Lumière.
Et nous ? Serons-nous poussés par l’Esprit Saint à rencontrer Jésus, à le reconnaitre et à proclamer son salut par la Croix ?
Marie-Claude
Vous êtes un Esprit divin, fortifiez-moi contre les mauvais esprit ;
Vous êtes un Feu, allumez en moi le feu de Votre amour ;
Vous êtes une Lumière, éclairez-moi en me faisant connaître les choses éternelles.
Saint Alphonse-Marie de Liguori
Une crèche de pauvres. Marie et son époux Entourent l’enfant Dieu, Langé de bandelettes. Comme si, en venant Habiter notre terre, Il entrait au tombeau ! Son visage d’enfant Est un visage d’homme Portant le poids du monde Et nimbé de mystère ! Il est déjà hostie Offerte à notre faim !
Jacques Bernard
« Le saint Évangile que nous lisions nous rappelait que l’archange Gabriel a été envoyé du ciel par le Seigneur pour annoncer à Marie qu’elle serait la Mère du Sauveur. L’humble Vierge priait, silencieuse et cachée aux regards des mortels ; l’ange lui parla en ces termes : « Je vous salue, Marie, » dit-il, « je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous » (Luc 1, 28). O annonciation miraculeuse ! ô salutation céleste, apportant la plénitude de la grâce et illuminant ce cœur virginal ! »
Extrait du cinquième sermon de Saint Augustin pour la fête de l’Annonciation
Pas de baisers pour dire la proximité.
Pas de femmes enceintes dans cette étreinte.
Des bras pour entourer… embrasser.
Des mains pour rapprocher… s’accrocher ?
Des yeux écarquillés, des visages comme liés.
Deux bouches étonnées qui vont parler, peut-être chanter.
Deux corps imbriqués, deux testaments rassemblés.
Combien de temps pour cet enlacement ? L’éternité d’un instant.
Curieusement pas de ventres ronds.
Seuls, des gestes de communion.
Puissent les divines effusions inspirer nos humaines visitations !
Martine
Ô Marie, pleine de confiance, tu as dit « Oui, qu’il m’advienne selon ta parole ».
Avec Joseph, Marie, tu as présenté ton Fils au temple tel que l’exigeait la coutume : tout pre-mier-né était offert à Dieu.
Siméon a reconnu en ton Fils Jésus, le Sauveur annoncé depuis les temps anciens et voilà que se réalise la promesse du Salut devant tous les peuples.
Siméon t’a dit qu’il sera l’objet de discorde, ce qui le conduira à sa Passion et à sa mort sur une croix. Il te prédit qu’un glaive transpercera ton âme.
Ô, toi Notre-Dame des douleurs, aie compas-sion de toutes nos afflictions et tribulations tant spirituelles que corporelles.
Encore une fois, tu as dit « Oui »! Aide-nous à dire oui dans nos épreuves de chaque jour jusqu’au jour de notre mort.
A la suite de Jésus, laissons-nous présenter à Dieu par Marie, notre Mère. Amen
Christine
Voici un dessin de Françoise. Elle l’a elle-même nommé « le mal donné comme Bien ».
Lui aussi a l’air calme. Il a le regard fixe vers l’infini. Il sait où il va. Il a de belles ailes et la flamme de l’Esprit-Saint au dessus du front.
Mais à bien y regarder, cet ange a beaucoup de zones d’ombre : le cou, les yeux, la bouche et cette virgule. Tous les sens semblent corrompus chez cet ange par le manque de lumière. Il a reçu de Dieu l’amour, la lumière, le savoir, mais il refuse ce cadeau de Dieu et veut entraîner avec lui tous les hommes qu’il pourra. Il mettra dans leur bouche des mauvaises paroles, il les fera comprendre de travers, il abîmera leurs yeux, il leur cachera la vérité : afin que les hommes ne voient pas les merveilles de Dieu…
Nous penserons qu’il voudra le Bien mais il nous emportera dans les ténèbres. Le Mal peut être beau et séduisant mais ne nous donne jamais la lumière de Dieu
Pauline
Parmi tous les dessins de Françoise, nous vous proposons de regarder de plus près celui-ci. Il illustre parfaitement le début de la méditation de Françoise « Dieu renonce à sa toute-puissance et assume une « kénose », une humiliation ou un abaissement qui contient déjà la divinité du Verbe dans son Incarnation. »
Au centre se trouve le Christ identifiable à son auréole rayonnante, à la croix derrière lui, à la coupe, au pain dans ses mains, à sa position centrale dans le dessin.
Des traits partent dans toutes les directions. De son auréole, on devine les rayons de lumière qui éclairent la scène.
De sa main droite (à gauche dans le dessin), un trait rejoint la coupe et deux autres l’assiette. Ces derniers soulignent le vide : il y avait quelque chose d’autre dans l’assiette (ce qui doit être dans sa main gauche). La coupe déborde d’un flot immense et l’hostie éclaire ce flot. L’Eucharistie est sans cesse donnée… La coupe du Seigneur est débordante d’Amour pour les hommes.
De sa bouche et des ses yeux, des traits rejoignent les bouches et les yeux des deux autres personnages. Il les enseigne et eux répètent. Des bouches de ses compagnons partent aussi deux traits rejoignant ce qu’il y a dans la main gauche de Jésus. Mais rien ne part de leurs yeux.
Dans sa main gauche, une boule aplatie d’où partent aussi des rayons. Ce qui permet de dire que c’est certainement l’hostie. Du coup, sa main droite semble avoir déposé la deuxième partie dans la coupe. De l’hostie de sa main droite, des rayons rejoignent la main gauche du deuxième personnage, et plus précisément dans une forme ronde au creux de cette main.
Qui sont les personnages qui entourent le Christ ? Il est difficile de savoir; au premier coup d’oeil, j’aurais dit Saint Pierre et Saint Jean lors de la dernière Cène : « Faites ceci en mémoire de moi » et ces apôtres feront de même comme semblent l’indiquer les traits qui partent des bouches, la croix indiquant que la Cène est la préfiguration du lendemain ? Ou alors, n’importe quel prêtre qui célèbre la Messe, redisant et refaisant les paroles et les gestes du Christ; ce n’est pas lui qui agit mais le Christ lui même… Ou bien encore, les disciples d’Emmaüs : « Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. » (Lc 24, 30-31).
Cela explique les traits entre les yeux des personnages mais il n’y a pas de stigmates sur
les mains du Christ… Et si c’était tout cela à la fois… toutes les Eucharisties réunies en un seul moment : celui où le Christ se donne pour nous montrer la miséricorde du Père non seulement lors de sa venue sur Terre mais aujourd’hui et chaque jour encore ?
Pauline
Sur ce dessin, Françoise a représenté la création du cosmos. Regardons-le de près, car ce dessin dit beaucoup de choses. Plusieurs jeux de lignes composent ce dessin : les vagues, les rayons, les cercles et les ovales et au centre un personnage.
Commençons par ce dernier. Il semble assis sur un disque, les pieds plus ou moins posés sur le bord du dessin, ses vêtements flottent. On dirait un astronaute en apesanteur.
Autour de sa tête, des rayons partent dans toutes les directions, vers des formes imprécises : une lune, des cercles… Ces rayons forment une auréole crucifère. Il est facile de voir dans ce personnage, le Christ, le Verbe dont nous parle Saint Jean.
Dans sa main gauche, il tient un objet, une équerre d’architecte ? un livre? La Torah, matrice de la création de l’univers dans la théologie juive ? L’Évangile ? Quoi que se soit, cet objet est dans l’ombre du manteau, il n’est pas encore dévoilé.
La main droite du Christ façonne une boule noire d’où sortent des rayons, le tout surmonté d’une petite croix. Qu’est-ce donc ? Une planète, celle où l’homme sera créé, le jardin d’Éden centre de la création, le lieu où le Fils de Dieu mourra ? C’est ce que semble indiquer la croix au dessus. Ou alors le Soleil qui éclaire tout, symbole du Christ Ressuscité ? C’est ce que sous-entendent les rayons… Rayons qui sont présents aussi autour de la tête du Christ. Le processus de création de la boule semble terminé, les doigts de la main forment une chiquenaude voulant envoyer plus loin cette boule.
Il reste tant à faire…
Au dessus de la boule et sous les pieds du Christ : des vagues. En haut, elles sont contenues dans des cercles, elles semblent avoir été mises à part et retenues à cet endroit. Celles du bas couvrent un tiers du dessin : dedans nagent quelques petits poissons. Les pieds du Christ montrent qu’il marche au dessus d’elles…
Sous la boule, des étoiles attendent d’être placées au bon endroit du firmament. Et dessous encore, un oiseau envoie des rayons dans un cercle sombre qui entoure une croix à cheval sur l’eau. Le cercle est noir, appartenant au même trait que le bas du dessin. Les ténèbres ont essayé de s’emparer de la croix mais le pied du Christ empêche que la croix ne soit engloutie.
Beaucoup de choses se jouent en même temps : la création des astres, la séparation des eaux, la création des animaux marins, celle de la terre, la révélation, la rédemption… Tout appartient au même élan créateur. Le dessin nous place donc dans une temporalité qui n’est pas la nôtre, qui n’est pas non plus celle des récits de création bibliques. Françoise nous amène dans la temporalité divine. Et dans cette temporalité, la création rayonne de la même gloire que son créateur.
Pauline
Le sommet de la miséricorde de Dieu, c’est la Résurrection.
Françoise Burtz
Médiateur l’homme sent qu’en lui le monde est réoffert à Celui qui l’a voulu, car la vocation même de l’homme est de manifester le spirituel dans le matériel.
Françoise Burtz
L’Église voit dans cette Femme de l’Apocalypse la Vierge Marie, et les anges rebelles au plan de Dieu dans les dragons. Au milieu du dessin de gauche, se tient une femme. Un liseré en arcade souligne son manteau immaculé. Douze étoiles entourent sa tête dans une auréole; autour, des morceaux de cercle la renforcent. De ces cercles partent des rayons en forme de serpentins, comme des radiations. Autour de la Femme et de l’Enfant, se dressent des monstres, dragons informes : des serpentins qui semblent dégouliner de leur tête. Ils ne peuvent pas entrer dans les rayons du haut du dessin : y seront-ils brûlés ? Anéantis ? On ne sait pas, mais ils regardent avec envie l’Enfant, centre de toute leur attention.
La femme tient dans ses bras protecteurs un enfant dont la tête est auréolée. Elle le tient tout près d’elle comme une jeune accouchée garde contre son sein son nouveau-né – réalisant ainsi qu’il n’est plus en elle. De l’enfant, on voit la tête et les pieds. Ses pieds semblent se prolonger dans une autre paire de jambes (il semble y avoir deux paires de jambes et pieds posés sur la lune). La main droite de la femme (celle du dessus sur le dessin) est pliée en signe de bénédiction, et du dos sortent trois traits – comme la représentation des apparitions de Marie en 1830 à Sainte Marguerite-Marie Alacoque. Ces rayons sortent du dos de la main, comme s’ils sortaient d’une plaie du Christ, et c’est habituellement le Christ qui bénit. On pourrait se demander à qui appartient la main : Jésus ou Marie, Jésus et Marie ?
Une seule main pour deux êtres, montrant ainsi que Marie maintient éloignés, par la grâce de son Fils, les anges qui ont refusé Dieu.
Un seul dragon ne regarde pas la femme et l’enfant, sous lui on peut lire AVE (Ave Maria…) au dessus de la tête une étoile – comme celles qui montrent que quelqu’un est KO dans les bandes dessinées…Un moyen de tenir éloignés les démons : la prière à Marie.
Pauline
Dans le dessin ci-contre, on reconnaît facilement cette femme de l’Apocalypse : douze étoiles en couronne, un auréole renforcée par les rayons de lumière, un croissant de lune sous les pieds. Cette fois-ci les dragons ne sont plus tenus à l’écart, ils encerclent Marie et Jésus. Celui du haut à gauche est prêt à dévorer la tête de l’Enfant, d’autres arrachent les vêtement de la Femme. Les monstres ont pris corps, ils ressemblent à des serpents avec des mains aux doigts griffus, des écailles marquées par des flèches indiquant leurs têtes. Ces flèches marquent leur égocentrisme, à l’inverse Marie et Jésus ont des auréoles rayonnantes.
Marie et Jésus ne sont pas affectés par la présence de ces dragons. Marie tient son enfant sur le bras gauche et, par un geste de la main droite, le donne au monde. Jésus bénit ce monde avec sa main droite.
Pauline
L’Esprit Saint en eux [les anges] étant la saisie directe de la lumière incréée en tant que Vérité divine. Les anges ne faisant qu’adorer et chanter « Sanctus », cette sainteté de Dieu. Voici que la Gloire va apparaître, là où la forme et l’idée de Dieu qui l’habite s’identifient et où le corps d’Adam s’édifiera en Temple de l’Esprit Saint pour rayonner la Trinité.
Françoise Burtz
Nous connaissons l’archange Raphaël principalement par le livre de Tobie. Voici un petit résumé de l’histoire : Tobie, un jeune juif, est envoyé par son père, aveugle par maladie, chez un de ses créanciers. Chez ce dernier il rencontre Sara tourmentée par un démon et décide de l’épouser. Pour son périple, Tobie est confié à l’ange Raphaël qui passait par là incognito. En chemin, l’ange lui fait pêcher un poisson duquel il tire deux remèdes : un pour délivrer Sara du démon et l’autre pour rendre la vue au père du jeune homme.
Sur le dessin, on voit le jeune Tobie avec les doigts dans la bouche du poisson, il vient manifestement de le prendre. Derrière lui se tient Raphaël que l’on reconnaît grâce à ses ailes. Sa main droite est posée sur l’épaule du garçon, sa main gauche désignant le cercle en bas à droite du dessin. Dans ce cercle sont contenus des flots et des poissons, comme un réservoir des dons de Dieu.
L’ange se penche vers le jeune homme, il se fait proche de lui pour lui permettre de vaincre un démon et la maladie. Il regarde vers le Ciel comme dans une prière, Françoise rappelant ainsi que les anges voient Dieu et s’adressent à Lui en face à face.
Pauline