Christ Eucharistique
Porte de tabernacle réalisé en 2004 par les ateliers Loire sur un dessin de Françoise Burtz.
Pour le 750e anniversaire du miracle eucharistique célébré en 2004, la collégiale Saint-Pierre de Douai a reçu ce vitrail de Françoise grâce à une souscription auprès des anciens de Mess’aje.
Commentaire : Regardons comment Françoise a « traduit » le mystère de la Rédemption et deux œuvres de Miséricorde dans ses vitraux. Douai, Pâques 1254. Un prêtre distribue la communion. Une hostie tombe par terre et avant que le prêtre ait pu la ramasser, elle s’élève et se place devant l’ostensoir. Puis, un enfant apparaît à la place de l’hostie.
Un peu plus tard, l’évêque de Cambrai voulut en savoir plus et envoya un théologien contempler les faits. Cet envoyé vit le visage du Christ couronné d’épines apparaître sur l’hostie. Un prêtre de la paroisse précise : « A l’époque, des chrétiens comme les Cathares se posaient des questions sur le lien entre Dieu et l’Église, d’autres suivaient l’hérésie de Bérenger qui niait le dogme de la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Voici quelle fut la réponse du Ciel, selon le témoignage rapporté par Thomas de Cantimpré, religieux Dominicain, théologien auprès de l’évêque de Cambrai. »
Ce vitrail est une porte de tabernacle, habituellement les vitraux remplacent les fenêtres, il y a de la lumière de l’autre coté. Françoise souligne ainsi que le Christ est une lumière intérieure.
Il représente le Christ les bras en croix sur la poitrine. Il est vêtu d’un manteau rouge signe de sa royauté. Dans sa main gauche, il tient l’hostie et dans sa main droite le calice. Ses yeux sont d’un bleu clair qui attire le regard. Son auréole rayonnante est composée de plusieurs couleurs. Il y a du rouge symbole de la royauté et de la divinité du Christ. Le vert et le jaune sont associés, liant l’Espérance à la lumière du Ressuscité ; notre espérance est dans notre appel à ressusciter avec le Christ. Le rose pâle et le bleu renvoient aux couleurs de l’aurore : une aube nouvelle se lève avec le Christ. C’est le Christ dans toute sa majesté qui est présenté et qui nous dit : « Je suis réellement présent dans l’hostie conservée dans ce tabernacle ». Revue n°12
La Création
Commentaire général du vitrail : La forme est donnée par l’emplacement du vitrail au sommet du portail d’entrée de la chapelle. La croix, en bas au centre fait partie de l’encadrement en bois de la porte d’entrée dont le vitrail est la partie supérieure.
De cette croix partent deux lignes obliques qui divisent le vitrail en trois parties.
Au sommet de la petite croix en bois, le vitrail central prolonge cette croix par un « arbre de vie » qui s’épanouit dans une nouvelle croix sur laquelle l’agneau offre sa vie. Son sang coule dans le calice, tandis que la main du Père accueille l’offrande de pardon pour tout le mal qui se perpétue dans le monde. Le serpent symbole du mal et d’une vie dévoyée aux idoles, entoure l’arbre de vie en s’adressant à la femme dont il voudrait détourner le regard des tables du Sinaï données par Dieu à Moïse pour être l’Alliance entre Dieu et les humains.
La partie gauche du vitrail rappelle les textes qui disent l’origine de la foi biblique. Israël vient de tribus semi-nomades du désert. Elles vivaient, jour après jour, des dons faits par Dieu dans les graines de « manne » blotties au creux des racines des arbres, dans les cailles épuisées de leur vol migrateur, dans l’eau qui sourd sous la pierre des rochers. L’amour de leur dieu et l’échange des femmes à l’heure où elles faisaient boire le troupeau, faisaient leur unité. Arrivées en terres cultivables elles trouvent avec la fécondité des récoltes, les cultes païens de cette fécondité symbolisée par le serpent. Elles trouvent aussi les luttes de voisinage qui les contraignent à nouer des alliances avec les voisins des drapeaux aux effigies d’animaux qui leur font perdre leur identité. « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Il lui faut un étendard. Dans ce jeu des alliances de guerre, il lui donne comme étendard la femme tirée de sa côte qui tant qu’il
respire lui dit la vie qu’il tient de Dieu et non des rites du serpent. Ainsi, comme au désert, la femme sera son Alliance, comme celle qui conduit l’homme à son Dieu. La femme tirée de la vie donnée par Dieu à Adam n’est pas séparée de lui. Le rappel du premier texte de création en arrière fond du vitrail évoque le chapitre Un de la Bible où l’homme et la femme étaient créés ensemble « à l’image de Dieu » et ne faisant qu’un dans la transfiguration qui les établissait dans une même communion d’Amour et la fécondité que donnait la bénédiction de Dieu.
Le vitrail de droite montre la nouvelle Eve et le nouvel Adam écrasant de son pied le serpent des cultes dévoyés de la vie. La première Eve est restée dans la communion du premier Adam et nous le donne dans cette même communion retrouvée. Ainsi la perte de notre communion à Dieu ne nous laisserait pas orphelins. Celle que Dieu regardait de tout temps quand il regardait son Fils, était prête à recevoir de Dieu l’Esprit saint et à lui offrir sa demeure pour que la colombe ait un temple où se donne le Fils de Dieu comme Fils de l’homme. Il marcherait sur la route du pécheur pour le guérir, le relever, lui montrer le pardon du coeur de Dieu puisqu’il venait, en naissant comme nous, habiter nos demeures. Et s’il nous arrivait de le refuser encore, il serait prêt à nous montrer le plus grand amour qui soit sur la terre : donner sa vie pour rétablir le pécheur dans la communion à Dieu. La croix est dans la main de l’enfant. Son Amour est vainqueur et déjà il écrase la tête du serpent.